Suzanne Briet est née en 1894 à Paris, où elle a été élevée avec sa sœur Alice, de 5 ans sa cadette, dans une famille originaire des Ardennes, et meurt en 1989 âgée de 95 ans.
Elle est la cousine de l’écrivain André Dhôtel (1900-1991) et a été proche de Jacqueline Teissier-Rimbaud (1946-2023), arrière-petite-nièce du poète Arthur Rimbaud.
Elle a eu plusieurs carrières, à la Bibliothèque Nationale, où elle fut surnommée « Madame Documentation », et pionnière dans le domaine des sciences de l’information (et reconnue à ce titre particulièrement aux Etats-Unis) puis en tant qu’historienne et rimbaldienne, notamment avec la société des Amis de Rimbaud.
Après l’obtention d’une licence d’histoire et d’anglais, elle part enseigner en Algérie pendant 3 ans (1917-1920) puis se tourne vers le métier de bibliothécaire. En 1924, elle est reçue première au Certificat d’Aptitudes aux Fonctions de Bibliothécaire Universitaire et entre à la Bibliothèque Nationale où elle fut une des premières femmes de la profession.
Entre 1934 et 1954, Suzanne Briet créée et dirige la salle des Catalogues et des Bibliographies de la BN, où elle sera décorée de la Légion d’honneur en 1950. Elle développe un ensemble d’outils de recherche documentaires pour les lecteurs, et les bases de l’enseignement des professionnels de la documentation. En 1931, Suzanne Briet participe à la création de l’Union Française des Organismes de Documentation (UFOD) et devient en 1948 vice-présidente de la Fédération Internationale de Documentation (FID). Après la seconde guerre mondiale, elle est représentante de la BN à l’étranger. À l’échelle internationale, elle se préoccupe notamment de la conservation du patrimoine mondial à travers les bibliothèques. Durant son voyage aux États-Unis, elle observe et étudie la bibliothéconomie en Amérique et rencontre de nombreux professionnels.
En 1951, Suzanne Briet publie un petit ouvrage intitulé Qu’est-ce que la documentation ? dans lequel elle expose ses conceptions sur la nature d’un document, qu’elle définit de façon très large, ainsi une antilope d’une espèce nouvelle, capturée et conservée dans un zoo puis au museum une fois empaillée, peut être considérée comme un document brut et être cataloguée, et engendrer de nombreuses publications : communiqués de presse sur sa découverte, études, enregistrement de ses cris, expositions… Certains voient dans ses intuitions une préfiguration de l’essor du world wide web.
En 1954, Suzanne Briet est chargée de l’exposition à la BN pour le centenaire de la naissance d’Arthur Rimbaud. Après sa retraite en 1955, elle quitte Paris et se rapproche des Ardennes à Mont-de-Jeux, où elle publie des études d’histoire locale et de littérature (avec la Société des écrivains ardennais ou la Grive) et participe aux activités de la société des Amis de Rimbaud, rédigeant des articles dans Études Rimbaldiennes puis Rimbaud vivant. Elle découvre le Cahier des dix ans du jeune Arthur et publie une biographie Madame Rimbaud (1968).
Professionnelle passionnée et engagée, elle est aussi très active dans la vie associative et s’est investie dans la cause de la professionnalisation des femmes. Elle participe à la création de l’organisation non gouvernementale internationale du club rotary Zonta pour la reconnaissance des femmes dans le monde et sera présidente de l’Union des femmes européennes entre 1950 et 1954.
En 1976, Suzanne Briet publie son autobiographie Entre Aisne et Meuse … et au-delà. Ces souvenirs sont présentés sous forme… de mots-clés.
–Qu’est-ce que la documentation ? (1951)
–Arthur Rimbaud : exposition organisée pour le centième anniversaire de sa naissance, Paris, Bibliothèque nationale (1954)
–Rimbaud Notre Prochain (1956) : se procurer cet ouvrage
–Le Maréchal de Schulemberg Jean III (1960) : consulter des extraits sur Gallica
–Châteaux des Ardennes (1963) : consulter des extraits sur Gallica
–Monsieur de Mondejeu ou le capitaine bon vouloir (1964)
–Madame Rimbaud (1968)
–Entre Aisne et Meuse… et au-delà (1976)
–Poèmes en passant (1984)
Suzanne Briet a elle-même souhaité donner ses archives à la bibliothèque. Après sa retraite, elle s’intéressait à la vie culturelle ardennaise et était membre du bureau de conseil de la bibliothèque municipale de Charleville.
En 1989, à la mort de Suzanne Briet, Jacqueline Tessier-Rimbaud, dont elle était restée très proche, a hérité de la bibliothèque -le meuble- et les livres appartenant à Suzanne Briet ont été donnés à la bibliothèque de Charleville. Mme Tessier-Rimbaud a apporté à la médiathèque un complément d’archives en 2021.
Le fonds est fourni et rend compte de ses différents centres d’intérêt et reflète aussi son goût d’archiver. Suzanne Briet avait indexé une partie de sa correspondance et noté sur l’enveloppe le sujet de ses courriers. Elle avait dessiné pour ex-libris un petit cygne en entrelaçant ses initiales S et B, qu’on retrouve sur la couverture de sa petite autobiographie Entre Aisne et Meuse et au-delà.
Au sujet de son journal ( rédigé sur des cahiers d’écoliers et truffé de correspondances, notes, billets de spectacles, faire-part…), elle avait formulé des restrictions sur la consultation, qui devait attendre jusqu’en 2024.
On retrouve dans le fonds des documents personnels (scolarité, diplômes, documents administratifs, correspondance privée, photographies, dessins, un autoportrait au pastel…) et des documents concernant sa vie associative (Union européenne des femmes 1950-1954, Club Rotary Zonta de Paris).
Une partie du fonds concerne ses activités professionnelles dans le domaine de la bibliothéconomie, documentation et normalisation, dont une partie sur son voyage d’études au Etats-Unis.
Une partie est consacrée à Arthur Rimbaud : notamment les travaux préparatoires pour l’exposition de 1954, la vie de l’association des Amis de Rimbaud, des articles de Suzanne Briet sur Arthur Rimbaud et des articles sur Suzanne Briet rimbaldienne, divers dossiers.
Une partie concerne son cousin André Dhôtel dont elle admirait le travail d’écrivain : correspondance avec elle et sa sœur Alice, photographies, tirés-à-part, coupures de presse.
Une série enfin est constituée de publications et travaux de Suzanne Briet : histoire, histoire locale, activité littéraire, poésie, compte-rendus.
La consultation des archives de Suzanne Briet intéresse les chercheurs pour l’ensemble de ces sujets, en particulier pour son activité de rimbaldienne et ses travaux sur la bibliothéconomie, avec des projets de traduction et de réédition de son texte Qu’est-ce-que la documentation ?
–Fonds André Dhôtel aux Archives départementales des Ardennes
–Maison de Mont-de-Jeux (Ardennes)