« La terre et les morts : sur quelles réalités fonder la conscience française ? », ce titre du discours, que Maurice Barrès prononce le 10 mars 1899, donne le ton sur ce que représente son œuvre.
Né le 8 août 1862 à Charmes (Vosges) et mort le 4 décembre 1923 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), Barrès est un homme à la plume polyvalente que le nationalisme républicain inspire. Il est écrivain (romancier, essayiste et critique), journaliste et homme politique.
Entrant en littérature, Barrès exalte d’abord le « culte du moi », dont une trilogie romanesque prend le nom et qui réunit Sous l’œil des barbares, Un homme libre et Le Jardin de Bérénice. Le protagoniste, qu’il met en scène, cherche à libérer son « moi » des « barbares », ces autres sous l’autorité desquels il se trouve, et qui l’empêchent. Ainsi, ces premiers textes sont de révolte et séduisent la jeunesse des années 1880-1890, à l’instar de Léon Blum ou de Gustave Kahn, un autre auteur que la bibliothèque Verlaine met à l’honneur dans « Littératuresque ».
La méthodologie que Barrès fait dire à son homme libre, selon trois principes allant de la joie ressentie dans l’exaltation jusqu’à l’analyse du plaisir retrouvé, invite à renouer avec le passé, donc avec ses origines. Aussi l’œuvre de l’écrivain évolue-t-elle en suivant ces principes. En revendiquant l’attachement à la terre natale, elle prend une tournure mélancolique, une partie de cette terre d’où l’auteur tient ses racines – la Lorraine – étant alors perdue, rattachée au Reich allemand.
Maurice Barrès s’engage en politique : il est candidat du mouvement boulangiste à Nancy et, à peine trentenaire, élu député. Entre septembre 1894 et mars 1895, il dirige le quotidien La Cocarde, de la ligne éditoriale duquel il tente de conjuguer à la fois le nationalisme et le socialisme. Antisémite et farouchement opposé au capitaine Dreyfus lors de « l’Affaire », il adhère en 1899 à la Ligue de la patrie française puis à la Ligue des patriotes qu’il préside en 1914, succédant à Paul Déroulède.
Entre 1897 et 1902, Barrès publie une autre trilogie intitulée Le roman de l’énergie nationale, autant dire le roman du nationalisme républicain et de l’attachement aux valeurs traditionnelles. En 1906, il est élu à l’Académie française et, la même année, député de Paris.
Pendant la Grande Guerre, il offre sa plume à l’effort de guerre, par exemple dans 1914-1916 : La Bataille sous Nancy et dans Alsace-Lorraine. Il est obsédé par la question des territoires perdus en 1870-1871, qui « n’est pas le système de quelques patriotes, une vue de l’esprit : elle est un fait, une plaie ». Dans Les Diverses familles spirituelles de la France, pourtant réputé pour son antisémitisme, il rend hommage aux Juifs tués dans les tranchées et leur reconnaît une place égale à celles des catholiques, des protestants et des socialistes.
Le succès de Maurice Barrès, alors considérable, surprend d’autant plus aujourd’hui que l’auteur est tombé en disgrâce, et son œuvre dans l’oubli. Il représente des courants de pensée caractéristiques de son époque, aujourd’hui controversés, voire condamnés, à l’image de l’antisémitisme.
Le culte du moi :
–Sous l’œil des barbares (1888) : se procurer cet ouvrage / accéder à cet ouvrage dans Gallica
–Un homme libre (1889) : se procurer cet ouvrage / accéder à cet ouvrage dans Gallica
–Le jardin de Bérénice (1891) : se procurer cet ouvrage / accéder à cet ouvrage dans Gallica
Le roman de l’énergie nationale :
–Les déracinés (1919) : se procurer cet ouvrage / accéder à cet ouvrage dans Gallica
–L’appel au soldat (1900) : se procurer cet ouvrage / accéder à cet ouvrage dans Gallica
-Leurs figures (1902) : se procurer cet ouvrage / accéder à cet ouvrage dans Gallica
Les bastions de l’Est :
–Alsace-Lorraine (1906) : se procurer cet ouvrage / accéder à cet ouvrage dans Gallica
–Au service de l’Allemagne (1906) : se procurer cet ouvrage / accéder à cet ouvrage dans Gallica
–Colette Baudoche. Histoire d’une jeune fille de Metz (1918) : se procurer cet ouvrage / accéder à cet ouvrage dans Gallica
–Le Génie du Rhin (1921) : se procurer cet ouvrage / accéder à cet ouvrage dans Gallica
–La colline inspirée (1913) : se procurer cet ouvrage / accéder à cet ouvrage dans Gallica
–Du sang, de la volupté et de la mort (1913) : se procurer cet ouvrage / accéder à cet ouvrage dans Gallica
– 1914-1916. La Bataille sous Nancy (1916) : se procurer cet ouvrage / accéder à cet ouvrage dans Gallica
–Les Diverses familles spirituelles de la France (1917) : se procurer cet ouvrage / accéder à cet ouvrage dans Gallica
–Un jardin sur l’Oronte (1922) : se procurer cet ouvrage
Le fonds comprend des éditions dédicacées par Maurice Barrès et une cinquantaine de documents autographes, parmi lesquels de nombreuses lettres.
Les lecteurs trouveront ainsi une lettre de Verlaine, écrite en 1895 sur un formulaire à l’en-tête de l’assistance publique de Paris et dans laquelle il précise recevoir La Concorde– journal qui l’intéresse « moult » et que Barrès dirige. D’autres lettres, adressées la même année, démontrent l’existence d’une correspondance entre les deux hommes, le poète sollicitant souvent l’aide de l’écrivain à succès.
En 1907, les frères Prillot – figures incontournables de la photographie à Metz – ont pris le portrait de l’écrivain, tout juste élu académicien et député de Paris.
Enfin, des cartes postales, publiées pendant la Grande Guerre, illustrent des scènes patriotiques où Barrès pose devant une église en ruines ou en train de célébrer « la délivrance de Metz ».
-Un autre fonds Maurice Barrès est conservé aux Archives départementales de Meurthe-et-Moselle
-Archives départementales des Vosges. 220 J : Collection de lettres de Maurice Barrès (lien)
-Archives nationales. 454 AP – Fonds de la Société des gens de lettres
-Bibliothèque de l’Institut de France. Ms 4701-4706, Ms 4709, Ms 4712-4713, MS 4718, Ms 7224-7231 et Ms 7699 : lettres de Maurice Barrès et d’Anna de Noailles.
-Société d’histoire de la Lorraine et du Musée lorrain : correspondance de Maurice Barrès avec Charles Sadoul (non cotée, voir Philippe Alexandre, « Maurice Barrès et Charles Sadoul. Une correspondance – Une amitié lorraine », Le Pays lorrain, vol. 104, n°2, juin 2023, p. 148-158)
–Limédia Galerie propose quelques documents numérisés
-81 noms de rues, dont 46 se trouvent à proximité de ses terres natales
-Plusieurs établissements scolaires dont : école maternelle Maurice Barrès à Richardménil (Meurthe-et-Moselle), collège Maurice Barrès à Verdun (Meuse), école primaire Maurice Barrès à Saulxures-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle).
-Monument Barrès sur la colline de Sion (Meurthe-et-Moselle).
« Le 23 septembre 1928 est inauguré le monument Barrès sur la colline de Sion, en présence de Henry Bordeaux, du président du Conseil Raymond Poincaré, et du maréchal Lyautey. Sur les différentes faces sont gravées trois citations de Barrès :
« L’horizon qui cerne cette plaine, c’est l’horizon qui cerne toute vie. Il donne une place d’honneur à notre soif d’infini en même temps qu’il nous rappelle nos limites » (La colline inspirée).
« Honneur à ceux qui demeurent dans la tombe les gardiens et les régulateurs de la cité » (Le mystère en pleine lumière).
« Au pays de la Moselle, je me connais comme un geste du terroir, comme un instant de son éternité, comme l’un des décrets que notre race, à chaque saison laisse émerger en fleur et si j’éprouve assez d’amour, c’est moi qui deviendrai son cœur. » (Les amitiés françaises) ».
-Le 7 juillet 1927, une plaque commémorative est inaugurée sur la façade du 38 rue de la Ravinelle à Nancy où Barrès habita une modeste chambre lorsqu’il était étudiant, de novembre 1880 à juillet 1882.
-L’association Mémoire de Barrès (Culture et Patrimoine du pays de Charmes) organise tous les deux ans le Prix Maurice-Barrès. Association Maurice-Barrès, B.P. 62, 88130 Charmes.
–Maison de Maurice Barrès à Charmes
-Plaque commémorative sur sa maison natale à Charmes, tombe au cimetière de Charmes