Eugène Corréard est né à Haguenau (Bas-Rhin). Fils du général d’Empire Frédéric Corréard (1789-1869), il fait une carrière de sous-préfet dans différentes villes de France à l’ouest des Vosges. La guerre de 1870 l’interrompt dans sa lancée : il opte pour la nationalité française mais retourne dans Haguenau alors allemande pour des raisons personnelles.
Tout juste marié, retiré dans son domaine du Neunreuterhof, il consacre alors son temps à une abondante production littéraire. Il écrit des nouvelles et des romans, des fables et des contes, des pièces de théâtre et des poèmes dont certains seront publiés au début des années 1890. Il reçoit ainsi la Médaille d’or de la Société d’encouragement au bien en 1895.
Parallèlement, Eugène Corréard peint et dessine des paysages locaux. Il créé également de nombreuses pièces musicales : au piano, avec chant et jusqu’à de complets vaudevilles endiablés.
Eugène Corréard mêle à ses œuvres des sujets romantiques et ancrés dans son époque à des thèmes plus proches du folklore, sans jamais manquer d’humour. Il publie ainsi des sonnets culinaires sur la choucroute ou la bisque d’écrevisse et créé des mélodies bigarrées. Il utilise alors deux pseudonymes, Eugène Dalzac pour ses écrits (en référence à Balzac et aux compositeurs de vaudeville contemporains qui s’appelaient presque tous Eugène) et Frédéric Korr pour la musique (jeu entre son nom de famille et Chopin).
Il décède dans sa ville natale en 1906.
–Nubila : poèmes divers ; Le portrait de Marthe (1890)
–Fausse Alerte, fantaisie-proverbe en un acte et en vers (1891)
–Feuilles de Myrtes. Poésies (1892)
Les papiers d’Eugène Corréard regroupent 40 ensembles manuscrits, pour majorité des feuilles volantes de nature hétéroclites. S’y trouvent des brouillons de ses quelques œuvres publiées, majoritairement des poèmes, mais la majorité est constituée de productions inédites. De grands ensembles se distinguent : 14 vaudevilles et opéra-comique, quelques volumes d’une cinquantaine de poèmes chacune, quatre volumes de partitions et une poignée de nouvelles. Le fonds comporte également la correspondance entre Corréard et sa femme Zoé Boudreaux, qui préfigure par moment ses créations poétiques. Corréard y a également laissé des cahiers de dessins ainsi que de fines silhouettes découpées. Enfin on y trouve une compilation de critiques des œuvres de Corréard par différents organes de presse, quelque fois annotées ensuite par Corréard.
Cette collection a probablement été constituée par Xavier Nessel, ancien maire de Haguenau et à l’origine du bâtiment où coexistaient Musée Historique de la ville et bibliothèque. Il s’était en effet porté acquéreur à titre personnel du domaine du Neunerteurhof, où avait vécu Corréard.
Parmi ces manuscrits se détachent Capharnaüm et Loisirs d’un solitaire (1888-1906), ensemble de poésies très variées qui montrent toutes les sources d’inspiration de Corréard et sa manière de retravailler ses poèmes. Le rendez-vous de Camembert, vaudeville en un acte par « E. Corréard, planteur de houblon » est aussi symptomatique de son humour.