Conrad Winter est né à Strasbourg en 1931. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, dramatique pour ce jeune enfant, il est confronté à la mutation linguistique imposée par l’histoire : en classe de 4ème il doit passer à la langue française. La lutte entre le poète et le langage est pour lui comme pour tout poète un combat difficile.
Conrad Winter, après quelques hésitations, mène une carrière d’enseignant à Haguenau après des études de philologie romane. Il commence par écrire de la poésie en français. Lorsque mai 1968 survient les modèles culturels imposés sont contestés. Il part alors à la recherche d’une adéquation entre la personne qu’il est et son langage. Dédaignant la poésie dialectale de caractère folklorique, il milite pour une « prise de parole » écologique et enracinée en terre transfrontalière assumée, refusant le grand refoulement de l’allemand. A partir de 1972 il écrit aussi en alsacien, et ses poèmes dialectaux sont introduits dans un manuel d’allemand. Il s’implique dans la création de l’enseignement des « langues et cultures régionales » en Alsace, après l’alternance politique de 1981.
Installé à Durningen, dans l’Alsace bossue, il poursuit sa création en utilisant trois langues, toutes trois les siennes, le français, le dialecte et l’allemand. Il cherche une libération intérieure, au-delà de la révolte, en cherchant son « idiome des profondeurs », quel qu’il soit. Souvent ludique, jouant à des jeux surréalistes, sa poésie recherche un bilinguisme heureux, en passant outre la grande catastrophe linguistique personnelle et les refoulements imposés. Il meurt à Strasbourg en 2007.
–Pour l’homme sans condition (1969)
–Le cerveau imaginaire (1970)
–L’ordre liquide (1971)
–Leeder vumm roode Haan (1972)
–Antiproverbiales (1974)
–Vogelfrei (1974)
–La chanson des images (1975)
–Lieder vunn de Sunnebluem (1977)
–Cailloux blancs (1979)
–Liderhakensprüche (1991)
–Ich will lewendi sinn (1992)
–Laconismes (1996)
–La chanson des images (2001)
–Cailloux blancs (2007)
Les documents qui constituent les archives de Conrad Winter sont entrés de manière dispersée à la bibliothèque et sont donc répartis dans les fonds manuscrits selon l’époque de leur arrivée. Dès 1978, l’auteur a fait don de certains manuscrits. Les trois principaux ensembles ont été donnés par l’auteur en 1995 et forment l’essentiel du fonds. Cependant d’autres ensembles ont rejoint ces éléments, en particulier deux dons importants faits par Jean-Paul Klee, en 1980 et en 2007.
On trouve à la Bnu des manuscrits et dactylographies des recueils de poèmes ou de pièces poétiques isolées. La réception de son œuvre y est traçable grâce à de nombreux articles de journaux et de revues. Ses propres recherches sur les poètes alsaciens y sont également présentes. Les fonds Georges Zink et Jean Egen contiennent aussi des éléments intéressants sur Conrad Winter.