Arthur de Gobineau (1816-1882) est un écrivain et penseur français, mais aussi un diplomate et un homme politique. Né à Ville-d’Avray, il est mort à Turin. On retient surtout actuellement dans son œuvre l’Essai sur l’inégalité des races humaines, qui lui donne mauvaise presse, en cela qu’on y trouve les sources du racisme moderne, et notamment l’idée de la race arienne. Mais cette facette du personnage ne devrait pas cacher toutes les autres qui en font un personnage riche et intéressant, à plus d’un titre.
Sa production littéraire est marquée par le romantisme, qui trouve ses sources dans l’imaginaire médiéval et dans le cours de l’histoire que la Révolution française vient pour certains de briser, créant nettement un avant et un après. Arthur Gobineau inscrit jusqu’à sa propre personne dans une saga des origines, montrant ainsi son inquiétude biographique et son angoisse des destinées ; son chef d’œuvre Les Pléiades en est un témoignage.
Sa carrière de diplomate débutée en 1849 l’envoie en Suisse, en Allemagne, en Perse, en Grèce, au Brésil et en Suède jusqu’à sa retraite en 1876. Il y côtoie des personnages hauts en couleurs, mais aussi des dangers et des découvertes. Loin d’être indifférent aux territoires qu’il parcourt, il s’imprègne de leurs cultures et prend le temps de chercher à en pénétrer les mystères. Il produit notamment un récit de voyage remarquable comme ses Trois ans en Asie et de très belles Nouvelles asiatiques.
Doué d’une sensibilité certaine, il exerce l’art de la sculpture et du modelage, entre autres modes d’expression. Sa vie personnelle est surtout marquée par la rupture avec son épouse et sa famille, et son amitié amoureuse avec la Comtesse Mathilde de La Tour. Gobineau est un personnage de l’histoire intellectuelle française, mais aussi européenne et même au-delà, qu’il serait dommage de négliger. Son dilettantisme passionné et son implication dans le monde d’alors valent la peine de quelques lectures.
–Les adieux de Dom Juan (1844) : accéder à cet ouvrage dans Gallica
–Mademoiselle Irnois (1848) : se procurer cet ouvrage / accéder à cet ouvrage dans Gallica
–Essai sur l’inégalité des races humaines (1853) : accéder à cet ouvrage dans Gallica
–Trois ans en Asie (1859) : se procurer cet ouvrage / accéder à cet ouvrage dans Gallica
–Les Pléïades (1874) : se procurer cet ouvrage / accéder à cet ouvrage dans Gallica
–Nouvelles asiatiques (1876) : se procurer cet ouvrage / accéder à l’ouvrage dans Gallica
–Amadis (1876) : se procurer cet ouvrage / accéder à cet ouvrage dans E-rara
–La Renaissance (1877) : accéder à cet ouvrage dans Gallica
–Adélaïde (1879) : se procurer cet ouvrage
–Oeuvres (1983) : se procurer cet ouvrage
C’est par l’intermédiaire de Mathilde de La Tour que le fonds des manuscrits, mais aussi une part importante des objets, meubles et œuvres d’art de Gobineau transitent vers un savant allemand : Ludwig Schemann, de Fribourg-en-Brisgau, traducteur et admirateur de l’auteur et président d’une Société des amis de l’écrivain, la Gobineau-Vereinigung. Ce fonds est acheté en 1903 par la Bibliothèque impériale du Land et de l’université de Strasbourg, ancêtre de la Bnu. Un cabinet Gobineau y est monté, sorte de petit musée. Celui-ci était visible jusqu’à très récemment à la Bnu, ayant tout de même connu plusieurs péripéties au 20e et 21e siècles.
Le fonds est composé d’abord par les manuscrits des œuvres de Gobineau, au complet. Puis on y trouve la documentation qu’il s’est constituée en vue de différents essais ou ouvrages scientifiques, de valeurs contrastées pour les yeux contemporains. Les riches correspondances qu’il a entretenues avec des personnages assez divers, parfois sur des sujets géopolitiques, ou autres, sont encore d’un grand intérêt pour la recherche actuelle. Les documents autobiographiques, généalogiques, familiaux, sont également nombreux.
La Bnu possède aussi la bibliothèque d’A. de Gobineau, qu’elle conserve parmi ses imprimés, sous une cote spécifique. Et elle possède enfin un grand nombre d’objets lui ayant appartenu, de natures très diverses, que l’on pourrait classer en quelques séries distinctes : les œuvres de Gobineau : sculptures et modelages (c’était son hobby), peintures et dessins ; des meubles peu nombreux mais significatifs car orientaux ou « orientalistes » ; des objets orientaux ou occidentaux d’un grand intérêt et pour finir des tableaux liés à sa légation (mission) en Perse.
Gobineau n’a aucun lien avec le « Grand Est », si ce n’est par la présence de ce fonds à Strasbourg. Mais il serait injuste de passer cet auteur sous silence, parce que la Bnu fut un temps un centre des « études gobiniennes », avec la présence à l’université de Jean Gaulmier, son éditeur dans la bibliothèque de la Pléiade, et par l’engagement de certains bibliothécaires pour ce fonds. Il compte, qu’on le veuille ou non, parmi les fonds littéraires les plus importants de la bibliothèque et continue à attirer des chercheurs d’horizons très divers.