Cécile et Georges Périn forment un couple d’auteurs qui ont activement participé à la vie littéraire parisienne de la Belle Époque. Georges Périn naît à Metz (Moselle), mais c’est à Reims (Marne) qu’il fait ses débuts littéraires. Auteur précoce, sa pièce Le nid est représentée au Grand Théâtre de Reims alors qu’il n’a que 21 ans. C’est aussi dans la cité des rois qu’il rencontre Cécile Martin, étudiante en sculpture à l’Académie des Beaux-Arts de Reims. Très tôt, ils sont unis par leur amour commun pour l’écriture et la musique. Après leur mariage en 1898, ils s’installent à Paris, où George trouve un emploi de commis à l’Assistance publique. Il y rencontre deux auteurs qui partagent son intérêt pour la littérature ; Fernand Dauphin et Edmond Pilon. Fernand Dauphin (1876-1961), originaire de Nancy (Meurthe-et-Moselle), est un poète qui écrit aussi pour des revues littéraires. Sa femme et lui-même lient une amitié sincère avec les Périn, fondée sur leurs idées communes en matière d’art et de politique. Edmond Pilon, né en 1874, est un poète, critique et essayiste prolifique qui connaît le succès avec des portraits romancés d’artistes de renom. Il explore aussi le genre du tourisme littéraire. F. Dauphin et E. Pilon introduisent le couple dans les cercles littéraires de la capitale.
C’est ainsi qu’ils commencent à contribuer à de nombreuses revues et à s’investir dans divers groupes littéraires. Ils établissent progressivement des relations durables avec un grand nombre d’auteurs passés à la postérité. Les époux sont par exemple adhérents externes du groupe de l’Abbaye à Créteil, phalanstère d’artistes auquel participent, entre autres, Charles Vildrac, Georges Duhamel et Paul Adam. Parmi les correspondants de Georges Périn, citons Guillaume Apollinaire, qui publia un poème de Cécile dans sa revue Le festin d’Ésope en 1904, ou encore Jules Romains, l’auteur de Knock. Les Périn sont aussi proches des auteurs belges Émile Verhaeren et Maurice Maeterlinck.
Malgré toutes ces relations et bien que Georges soit influencé à ses débuts par Paul Verlaine, Stéphane Mallarmé et le mouvement symboliste, ni lui ni Cécile ne se réclament d’une école littéraire en particulier. La poésie de Georges Périn, inspirée par la nature et notamment par les arbres qui le fascinent depuis son enfance, s’attache à la pureté des émotions et à la fugacité des sensations. Cécile connaît une carrière autonome et prolifique, fait inédit pour l’époque si l’on considère ses origines provinciales et son statut social. Très tôt, elle est recensée dans les anthologies de son époque. Georges l’encourage et la soutient jusqu’à sa mort prématurée en 1922. Remariée au peintre rémois Paul Réal qui illustre certaines de ses œuvres, Cécile est à nouveau veuve en 1931. Elle continue à écrire, à voyager et à entretenir ses relations avec le monde littéraire jusqu’à sa mort en 1959. Sa poésie, qui rencontre un succès certain de son vivant, s’inspire de sa vie personnelle, notamment la naissance de sa fille Yvonne, le décès de son premier mari ou encore la Première Guerre mondiale.
Cécile Périn :
–Vivre ! (1906)
–Les Captives (poèmes 1914-1918) (1919)
–Les Ombres heureuses (1922)
–Finistère (1924) : consulter des extraits sur Gallica
–Océan, illustrations de Daniel Réal (1926) : consulter des extraits sur Gallica
–La Féerie provençale, illustrations de Daniel Réal (1930) : consulter des extraits sur Gallica
–Miroirs du bonheur (1935) : consulter des extraits sur Gallica
–De la paix et de la guerre (1939) : consulter des extraits sur Gallica
–Pénélope (1950) : consulter des extraits sur Gallica
–Images (1959) : consulter des extraits sur Gallica
Georges Périn :
–Le Nid (1895)
–Les Emois blottis (1902)
–La Lisière blonde (1906)
–Le Chemin, l’Air qui glisse… (1910)
–Les Fêtes dispersées (1921) : accéder à l’ouvrage dans Gallica
–La Nuit brille (1922)
–L’Expiation (1905)
–Les Rameurs (1911)
–Monsieur Benoît et sa Marion (1920)
–Main sans bague (1922)
–Petite Madame Collomb (1923)
–Sous un certain jour (1932)
Le fonds Cécile et Georges Périn comprend 2457 ouvrages. S’y ajoute un grand nombre de titres de périodiques d’art et de littérature auxquels le couple contribuait ou était simplement abonné, de la fin du 19e siècle au milieu du 20e siècle. Les livres de l’écrivain Edmond Pilon, auteur très proche du couple et décédé sans héritier, viennent enrichir la bibliothèque personnelle du couple. Le fonds fut légué à la bibliothèque universitaire de Metz en 1997 par Lise Jamati et Vivianne Isambert-Jamati, petites-filles des Périn.
S‘y trouvent principalement des œuvres littéraires, la plupart dans leur édition originale. La particularité de cette collection réside dans les nombreuses dédicaces et envois autographes d’auteurs qui attestent des relations établies et entretenues par Cécile et George Périn et Edmond Pilon, tout au long de leurs carrières. Notons par exemple la forte représentation d’auteurs de La Phalange, revue néo-symboliste à laquelle George Périn contribue : Paul Fort, Rémy de Gourmont ou encore Francis Jammes. Des ouvrages de René Ghil, Gustave Kahn – très proche et fidèle ami des Périn –, Jules Laforgue représentent aussi le courant symboliste. Des titres d’auteurs étrangers comme Stuart Merill ainsi que des principaux poètes belges figurent dans la collection, preuve du cosmopolitisme parisien à la Belle Epoque.
Enfin, de nombreuses poétesses sont aussi représentées, en lien avec la notoriété de Cécile Périn. Un exemplaire du recueil Les éblouissements d’Anna de Noailles est aussi dédicacé à Edmond Pilon dans ces termes : « […] en témoignage de ma très admirative et sincère sympathie ». Bien que l’influence de Paul Verlaine et de Stéphane Mallarmé soit clairement identifiée, voire revendiquée, chez Georges Périn comme chez Edmond Pilon, ces deux auteurs sont étonnamment peu représentés dans leur bibliothèque. Notons toutefois l’exemplaire de la seconde édition de Parallèlement (1894) de P. Verlaine, où se trouvent reliées diverses pièces relatives au poète messin, dont une lettre de ce dernier de 1895 à un destinataire inconnu, probablement son éditeur.
Edmond Pilon faisait relier ses ouvrages dans des reliures en demi-parchemin et papier fantaisie, avec diverses pièces qu’il conservait : lettres, cartes postales ou invitations d’auteurs, articles de presse relatifs à l’attribution d’un prix, critiques littéraires, etc. Ces sources témoignent de la vie quotidienne et sociale des auteurs mais aussi du travail de critique d’Edmond Pilon. Notons par exemple, dans un de ses livres, une correspondance avec Paul Valéry dans laquelle le poète remercie vivement le critique pour les propos élogieux qu’il a tenu à son égard. À l’inverse, d’autres pièces montrent l’infructuosité de certaines prises de contact : citons par exemple une lettre de Pierre Loti, reliée avec un exemplaire de ses Japoneries d’automne, dans laquelle l’auteur refuse de répondre aux questions d’Edmond Pilon de manière peu cordiale : « […] je voudrais bien vous être agréable ; mais si vous saviez à quel point ces petits détails donnés au public me sont odieux ! En quoi cela peut-il intéresser vraiment de savoir ce que je ne sais pas moi-même, tout ça me paraît négligeable. […] »
Les archives et manuscrits du couple Périn ont été déposées dans les années 1990 à la BnF : https://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc572322